Le premier partie de football en 1874
(Photo Credit: Notman Composite Photo, courtesy of McGill University Archives)
Source: Earl Zukerman, McGill Athletics
MONTRÉAL – Cette semaine que l’on soulignera le 141e anniversaire de la série opposant McGill et Harvard qui a marqué l’histoire du football. Au printemps 1874, les 14 et 15 mai, McGill disputait une série de deux matchs contre Harvard à Cambridge, au Massachusetts, lesquels représentent vraisemblablement les premiers matchs de football nord-américain.
Les deux articles cités plus loin décrivent la série. Dans un cas, il s’agit du compte rendu des matchs tiré d’un article paru à l’époque dans le quotidien montréalais The Gazette. Dans l’autre, ce sont les souvenirs d’un ancien étudiant de McGill ayant participé à ce premier match, Henry Joseph, rapportés dans un article intitulé Comment les matchs de football opposant McGill et Harvard en 1874 transformèrent ce sport à jamais .
On trouvera également le règlement original du McGill Football Club de 1874, de même qu’une photographie multiple du match historique de Notman. Veuillez indiquer la source comme suit : Notman Archives Photo a/s Services des sports de McGill.
Comment les matchs de football opposant McGill et Harvard en 1874 ont transformé ce sport à jamais
En recoupant les articles de journaux et les souvenirs très lucides de M. Joseph, l’histoire des trois premiers matchs de football interuniversitaire est relatée de la façon suivante :
Le 14 mai 1874, McGill et Harvard se sont affrontés dans le premier match de football interuniversitaire jamais disputé en Amérique du Nord au Jarvis Field à Cambridge, au Massachusetts.
Au fil du temps, ce match est devenu un évènement historique et, dans un ouvrage sur les sports de Harvard, un auteur très rigoureux s’est donné beaucoup de mal afin de valider tous les détails de la rencontre et débouter les suppositions à l’effet que d’autres équipes de football se soient affrontées avant Harvard et McGill.
Au printemps 1874, Harvard faisait état de son insatisfaction profonde à l’égard des règles du rugby tel que pratiqué par ses équipes interfacultés, et invitait une équipe de McGill à participer à un match hors concours afin de s’initier à un code plus orthodoxe. Au même moment, une idée similaire germait dans la tête de trois hommes de McGill. Duncan E. Bowie, R. W. Huntinden et David Rodgers avaient souvent discuté de la possibilité de se mesurer aux Américains mais, pour une raison ou pour une autre, il n’y avait pas eu de suite.
Toujours est-il qu’au printemps 1874, la situation était telle qu’une équipe de McGill a enfin pu se rendre à Cambridge. Un défi officiel mais courtois fut donc lancé aux Américains et, comme il cadrait tout à fait avec les projets de Harvard, les parties se sont presque immédiatement entendues pour tenir une série de deux matchs au printemps à Harvard et un match de revanche à Montréal, à l’automne.
Plusieurs années se sont écoulées depuis le voyage de ce premier groupe d’athlètes de McGill aux États-Unis et, au fil du temps, on a apporté de tels changements au football rugby que le nouveau jeu ne paraît plus être issu de l’ancien.
En 1874, les règles du football étaient semblables à celles du rugby anglais pratiqué de nos jours. En fait, à l’instar des autres équipes de Montréal, McGill jouait conformément à un règlement pratiquement identique à celui de nos joueurs de rugby actuels.
Généralement, les équipes comptaient quinze joueurs de chaque côté, mais il arrivait parfois qu’on joue avec aussi peu que vingt-deux joueurs sur le terrain. Le jeu était tout sauf uniforme. Chaque localité avait adopté des règles étranges qui lui étaient propres. Harvard, par exemple, jouait un jeu assez différent de celui de McGill.
Les Canadiens étaient demeurés loyaux au sport qu’ils avaient importé d’Angleterre. Les Américains, quant à eux, avaient déjà introduit certains changements, dont un qui prêtait grandement à confusion et selon lequel le porteur de ballon ne pouvait courir que s’il était poursuivi. Lorsque le plaqueur cessait de le poursuivre, il devait obligatoirement effectuer un coup de pied, une passe ou même se défaire du ballon.
Le premier match a été joué à 16 h devant deux cent cinquante spectateurs. Les curieux règlements américains eurent préséance et le ballon utilisé ne ressemblait en rien à ce que connaissaient les Canadiens. Rond et fait de caoutchouc non recouvert, il était similaire, en apparence et au toucher, aux ballons avec lesquels jouent les enfants aujourd’hui.
Un compte rendu de l’époque décrit ainsi le début de la partie :
Les officiels ont réuni les deux capitaines et ont tiré à pile ou face pour déterminer le choix des buts. En remportant le tirage, Grant, le capitaine de l’équipe de Harvard,a établi un précédent pour tous ses successeurs de Harvard. Il a choisi le but nord-ouest, profitant ainsi de l’avantage d’une brise légère. Rodgers, le capitaine de l’équipe de McGill, dont le bras était en écharpe en raison d’une blessure récente, s’approcha nonchalamment d’un des poteaux auxquels était suspendu le filet du but, y accrocha l’écharpe et cria à ses joueurs d’investir le terrain. Les deux équipes s’alignèrent sur-le-champ.
Une fois les consignes données par les officiels, McGill a effectué le coup d’envoi et ce fut le début du premier match de football américain interuniversitaire.
Les uniformes de l’époque sont intéressants en tant que vestiges d’une époque révolue.
Aussi peu distinctifs que soient les uniformes que revêtent les équipes interfacultés actuelles, aucune ne s’aventurerait aujourd’hui sur le terrain affublée comme l’étaient les joueurs de 1874.
Ils ne portaient aucune protection et étaient vêtus de maillots en lainage et de pantalons blancs, certains les portaient courts, d’autres longs . Quelques joueurs portaient des turbans de football noirs, ancêtres du casque moderne, tandis que d’autres portaient des chapeaux blancs en toile.
Les joueurs de Harvard revêtaient quant à eux des camisoles en tissu gaze, des costumes de gymnastique pleine longueur et de légères chaussures de baseball. Les joueurs avaient pour la plupart la tête recouverte d’un mouchoir. Porter des camisoles en tissu gaze relevait d’une stratégie. En effet, dès le premier plaquage, la camisole était détruite et le prochain adversaire était aux prises avec un joueur au torse nu et glissant.
Harvard a remporté le match par un compte de trois à zéro. À cette époque, il n’existait pas de méthode standard pour le comptage des points, mais il reste que certaines choses étaient réputées changer le cours de la partie. Franchir la ligne de but en était une et botter le ballon au-dessus du poteau de but en était une autre.
Il semble que Harvard ait réussi au moins une de ces prouesses, mais l’équipe de McGill était de loin la plus rapide. Bowie, Huntinden et Joseph étaient tous des sprinteurs et coureurs remarquables à Montréal. Bowie comptait parmi les coureurs les plus rapides du Canada à l’époque, avec un temps de 10,2 secondes au sprint de cent verges.
Huntinden et Joseph étaient eux aussi d’excellents coureurs sur piste et, sur la ligne du centre, ces trois joueurs donnaient coup sur coup du fil à retordre à la défensive de Harvard. Ils s’emparaient du ballon dans la mêlée, filaient à toute vitesse vers le but en se passant le ballon, mais étaient arrêtés dans leur élan pour avoir enfreint le règlement américain de la poursuite du porteur de ballon, règlement inconnu au Canada. Selon M. Joseph, la victoire de Harvard fut bien méritée et les points marqués ont été le résultat d’une pression soutenue de l’offensive.
Le jour suivant, les deux équipes universitaires se sont affrontées de nouveau. Cette fois, ce sont les règles canadiennes qui ont prévalu. Il y avait treize joueurs de chaque côté. Il est difficile de connaître l’alignement. Aucun journal n’a publié une liste complète des joueurs et la mémoire humaine est si fragile qu’un des joueurs n’a pu fournir le nom de ses coéquipiers, n’ayant aucun souvenir de ce match qui a eu lieu il y a 30 ans.
Le match s’est terminé sans point après deux heures de jeu exténuant. McGill avait l’avantage au chapitre de la vitesse et du plaquage et était appuyée par ses trois sprinteurs excessivement rapides : Bowie, Huntinden et Joseph. N’eut été de la puissance et de la détermination de Harvard, l’équipe mcgilloise aurait assurément remporté la victoire.
Cette même année, le 23 octobre 1874, Harvard a rendu visite à Montréal pour disputer un match de revanche qui a eu lieu sur les terrains de cricket du Vieux-Montréal, site actuel de l’église Saint-Jacques-Apôtre. Une fois de plus, McGill a subi une défaite. Manifestement, le règlement avait été modifié puisque seulement neuf joueurs s’affrontaient de chaque côté. On ne connaît rien de leurs positions, M. Joseph ne pouvant parler que de lui-même et d’un ou deux autres joueurs.
Harvard a joué de façon exceptionnelle. Son attaque était rapide et convaincante. Les demi-offensifs de McGill se faisaient bloquer à chaque échappée.
Le règlement américain de la poursuite du porteur de ballon avait été aboli de sorte que McGill n’avait rien à redire. Harvard a tenu le haut du pavé du début à la fin.
Lire la suite : http://www.mcgillathletics.ca/news/2012/5/14/106694.aspx
This post is also available in: Anglais