Trois officiels canadiens en action à l’International Bowl 2016
Pour la première fois de l’histoire de l’International Bowl, des Canadiens faisaient partie du groupe d’officiels pour la série de matchs opposant USA Football à Football Canada, du 31 janvier au 3 février. Après avoir impressionné par leur rendement au tournoi de la Coupe Football Canada 2015, Troy Semenchuk (Prince Albert, SK), Brandon Iwanyshyn (Edmonton, AB) et Laurent Dubreuil (Montréal, QC) ont reçu une invitation qu’ils ne pouvaient refuser.
Les matchs étaient disputés au Stade AT&T, domicile des Cowboys de Dallas et temple du football au Texas. Les locaux l’appellent « Jerry’s World » (le Monde de Jerry) en l’honneur du propriétaire des Cowboys Jerry Jones et ce stade est un véritable bijou d’architecture, qui aura coûté 1,2 milliard $, soit un des amphithéâtres sportifs les plus coûteux au monde. Les rayons du soleil plombent sur le terrain de l’ « Équipe de l’Amérique » par des zones vitrées rétractables aux deux bouts du terrain, offrant l’illusion de jouer à l’extérieur. Sous le toit rétractable se trouvent de gigantesques écrans qui s’étirent d’une ligne de 20 verges à l’autre sur les deux côtés du terrain.
Le vétéran officiel Bill LeMonnier a dirigé de gros matchs et dans de gros stades, notamment 17 matchs de bowl de la NCAA, y compris la finale nationale BCS en 2010. Il a offert de bons conseils à ses collègues avant le coup d’envoi du match MU-19, qui a donné le ton à la série le 31 janvier.
« Il nous a dit qu’il fallait nous assurer de prendre le temps de regarder autour et d’en profiter », raconte Troy Semenchuk.
« C’est tellement bizarre parce que durant le jeu on reste concentre, mais durant les pauses publicitaires ou les temps d’arrêt vous avez quelques secondes pour jeter un regard autour », indique Troy. « C’est vraiment époustouflant. »
La série de 2016 marquait la première présence d’officiels canadiens au Texas pour les matchs de l’International Bowl. Ces trois personnes ont été choisies à partir du groupe d’officiels qui a dirigé la finale de la Coupe Football Canada 2015. Ce groupe réunit habituellement les officiels les mieux cotés de la compétition. Alors comme les joueurs et les entraîneurs de l’équipe nationale MU-18 du Canada, les trois officiels invités au Texas ont été ceux qui ont été les meilleurs au championnat canadien.
Les trois hommes ont ressenti la pression de faire une bonne première impression pour l’ensemble des arbitres canadiens.
« Je crois qu’on ne voulait absolument pas être la raison pourquoi aucun autre officiel canadien n’est invité à arbitrer les prochaines éditions », souligne Brandon Iwanyshyn.
« Il y a certainement de la pression et jamais au grand jamais ne connaissions-nous le livre des règlements d’un bout à l’autre. On s’est vraiment concentré sur les éléments liés à nos positions et les décisions que nous devions rendre, sans compter les règles de base. Il y a un peu de pression, nous voulions faire du bon travail et nous voulions que les autres soient aussi invités », expliquait Semenchuk.
Ces officiels canadiens de Niveau 3 étaient habitués à travailler dans des matchs des rangs secondaires, juniors, universitaires et seniors, mais ils n’ont jamais eu à traiter avec une équipe de diffusion d’ESPN qui retransmit les matchs à travers le monde. Question de faire grimper la pression davantage, les arbitres devaient aussi faire avec les écrans géants qui montraient les reprises au ralenti pour tous ceux présents.
« Tu ne veux jamais être le gars qui se trompe sur une décision qui met une équipe dans l’embarras, particulièrement avec ces écrans géants », estime Laurent Dubreuil. « Ils montrent les reprises quand tu te trompes et c’est aux yeux de tous. Tu ne veux pas rater de décisions, particulièrement quand tu n’es pas à l’aise avec les règles. Tu veux vraiment passer inaperçu comme arbitre sur le terrain. »
N’ayant jamais travaillé dans un match de football à quatre essais auparavant, notre trio de Canadiens a entrepris ses préparatifs pour la semaine à venir n assistant à une clinique d’une journée animée par des arbitres des rangs universitaires américains qui ont discuté des mécaniques et des règles pour les mettre à niveau.
« Ce n’était pas tant le passage de trois à quatre essais, mais surtout les mécaniques d’arbitrage qui nécessitaient le plus grand ajustement », indique Semenchuk. « Il y a huit gars sur le terrain au lieu de sept. Les responsabilités sont semblables, mais ils ont des règles très différentes au chapitre des substitutions et des mécaniques. »
La veille du premier match, les Canadiens ont poursuivi leurs préparatifs avant leur premier match international en discutant avec LeMonnier.
« Ce soir-là, nous avons rencontré Bill LeMonnier. Il a été très bon pour nous et nous a mis à l’aise », rappelle Semenchuk. « Il nous a parlé de sujets très spécifiques sur le positionnement et les règlements. »
« Nous lui avons posé plusieurs questions et il a répondu au meilleur de ses connaissances, nous offrant des conseils et des trucs à utiliser en cours de match », ajoute le Montréalais Dubreuil. « Nous avons passé deux ou trois heures avec lui, à discuter de nos questions et de situations de jeux. »
Le groupe crédite les collègues officiels et les organisateurs rassemblés par USA Football en leur offrant la formation et les ressources requises pour réussir la transition vers les règlements internationaux, tel qu’on les trouve dans le livre des règlements de l’IFAF. Le groupe a appris en étudiant les règlements américains et les mécaniques avant leur voyage, par l’entremise de courriels et de conférences téléphoniques.
« L’expérience n’aurait peut-être pas été aussi positive si nous n’étions pas préparés », explique Troy. « La préparation est la clé comme dans tout ce que vous faites. Les règlements et les mécaniques sont tellement différents que la préparation devient une priorité. »
La transition des Canadiens vers la version internationale a aussi été appuyée par le groupe de superviseurs et d’officiels seniors, notamment un d’entre eux qui a un lien avec la version canadienne du football. Le groupe s’est fié à un superviseur en particulier, Tim Crowley, dont le résumé comprend non seulement 30 années d’expérience dans les rangs secondaires et universitaires au Texas, mais aussi comme officiel de la LCF lorsque le circuit a opéré quelques clubs aux États-Unis dans les années 1990.
Non seulement Crowley a aidé les Canadiens avec le livre des règlements, mais il leur a aussi permis de se sentir comme à la maison.
« Il était très fier de son passage dans la LCF », raconte Troy à propos de Crowley. « Quand ils faisaient jouer l’hymne national avant notre match ou un autre, il chantait pour nous montrer qu’il connaissait les paroles. Il garde un très son souvenir de son expérience dans la LCF. »
Comme invités de l’extérieur, les recrues canadiennes n’étaient pas certaines de l’accueil qu’ils recevraient et de la perception de leurs collègues américains d’expérience. Leurs hôtes les ont rapidement mis à l’aise, les accueillant à bras ouverts. »
« Personne ne nous a regardés de haut et ils essayaient tous de nous aider », explique Dubreuil.
« Ils étaient très heureux de nous avoir ici. Pas seulement Tim, mais tous les autres évaluateurs et tous les gars avec qui nous avons travaillé ont été très, très bon pour nous », affirme Troy.
Non seulement des tournois comme Coupe Canada ou l’international Bowl comptent sur des compétiteurs élite qui jouent pour la fierté provinciale et nationale, mais l’horaire condensé (2-3 jours de match sur une semaine, avec plusieurs matchs par jour), présente une excellente possibilité d’apprentissage pour les officiels.
« Si vous avez les évaluateurs sur place et que vous apprenez quelque chose à votre premier match, vous pouvez l’appliquer immédiatement alors que c’est frais dans votre pensée », explique Brandon. « Je pense que sur un jeu en particulier, je dois travailler sur un aspect particulier. Puis la plupart du temps, si vous réussissez, votre évaluateur vous offrira des commentaires positifs et cela viendra nourrir votre confiance. »
« Vous pouvez toujours apprendre des choses des matchs, mais quand vous arrivez dans un endroit comme celui-ci, ce que vous apprenez ouvre beaucoup plus les yeux », poursuit Brandon.
« Je me souviens la première demie de ce premier match. Il y a tellement de choses qui me passaient par la tête. Quand vous vous calmez et que vous commencez à vraiment être à l’aise, vous commencez à voir les choses différemment, les avantages et les inconvénients de ces mécaniques et vous regardez les choses de cette façon. Ce que vous retirez de l’expérience dépend de vous, mais je crois que cela fait de vous un bien meilleur officiel. »
Après le coup d’envoi initial, les arbitres canadiens ont remarqué quelques subtilités quand ils travaillent au nord de la frontière.
Une des grosses différences était que les officiels canadiens essaient d’établir leur présence davantage à la fin d’un jeu que leurs vis-à-vis américains.
« Nous entrons dans l’action à la fin de chaque jeu pour assurer une présence au cœur de la situation », explique Dubreuil.
« Le superviseur est descendu nous parler », raconte Brandon. « La première chose qu’il a dit quand il est arrivé était qu’il ne descendait habituellement pas avant la mi-temps, mais il avait peur qu’on se fasse tuer sur le terrain! »
« C’est complètement différent dans notre cas puisque nous aimons courir dans l’action et nous impliquer dans toutes les situations. »
Une grande différence de règlement entre le football à trois et à quatre essais est l’introduction de la règle d’immunité. Comme les joueurs canadiens, les officiels ont dû réapprendre au sujet des unités spéciales.
« Même si nous n’étions pas responsables du retourneur, c’était quand même un gros ajustement et nous avons dû y réfléchir – est-ce qu’on laisse le jeu continuer? C’est probablement à mes yeux ce qu’il y a de plus difficile », explique Dubreuil.
Après avoir secoué la rouille de la saison morte, les Canadiens ont démontré qu’ils appartenaient à ce terrain.
« Plusieurs des officiels américains étaient surpris qu’on se soit aussi bien comportés », raconte Troy. « Ce fut plutôt réussi même s’il y a eu quelques petits accrochages ici et là, mais pour la plupart, nous sommes sortis de ce match en disant que nous étions simplement un membre régulier de leur groupe et que nous avons fait du bon boulot. »
Les trois officiels canadiens comptent bien utiliser leur nouvelle expérience internationale dans leurs progrès vers des niveaux plus élevés, comme dans la LCF
« C’est un peu comme un c.v. », explique Troy. « Vous avez un c.v. d’arbitrage et plus d’expérience vous accumulé, cela démontre que vous avez eu plusieurs occasions d’apprendre et de grandir comme officiel. »
Après une introduction réussie, le trio espère aussi travailler dans d’autres rencontres de football à quatre essais.
« Nous parlions avec Bill LeMonnier et il essaie de faire venir des officiels canadiens au Championnat du monde de l’IFAF dans les années à venir », raconte Laurent Dubreuil. « On s’est regardé en se disant qu’on était prêts pour ce genre d’invitation! Ce serait un rêve pour nous d’arbitrer ce genre de matchs. »
Lors des prochains mondiaux, le groupe d’officiels pourrait aligner des membres de partout à travers la planète, comme les Canadiens Barclay Easton (Ottawa, ON) et Shawn Kerr (Calgary, AB) l’ont vécu en faisant partie du personnel d’arbitrage au Championnat du monde senior de l’IFAF 2011 en Autriche.
« Il faudra travailler sur les langues », indique Troy à propos de cette possibilité. « Ce sera vraiment super, car il y a beaucoup à apprendre. C’est fou le nombre de possibilités qui existent. »
Pour le moment, les trois Canadiens retourneront dans leurs collectivités avec de beaux souvenirs à partager. Le football continue de croître à travers le monde, tout comme les occasions pour les officiels. Des occasions comme l’International Bowl servent de catalyseurs pour les officiels canadiens désirant faire le saut sur la scène internationale.
« Le simple fait de savoir qu’il y a des possibilités me pousse à bien faire et comme je l’ai dit, cet événement et la Coupe Canada ont été des expériences fantastiques », raconte Brandon. « Partager cela avec les gens à la maison (ils aiment que je leur raconte des histoires) les poussera à se dépasser pour vivre ce genre d’expérience à leur tour. »
« Une des choses dont je retiens de cette expérience est de s’ouvrir aux possibilités et de sauter sur les occasions qui se présentent », indique Brandon. « Même pour nous à la Coupe Canada, tu donnes ton nom sans trop se soucier, mais aussi tôt que l’occasion se présente, il faut la saisir! »
En juillet dernier, Troy Semenchuk, Brandon Iwanyshyn et Laurent Dubreuil étaient sur les terrains de Saint-Jean-sur-Richelieu pour diriger des matchs de la Coupe Football Canada avec le rêve de diriger des matchs de la Coupe Vanier ou de la LCF, mais après leur expérience à Dallas, leur prochaine destination en juillet pourrait être le Championnat du monde MU-19 de l’IFAF en Chine.
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