Bâtir un programme (partie 1) : L’expérience de Sumarah ouvre la voie à son nouveau rôle
Crédit photo : USA Football / Ron Jenkins
Plusieurs entraîneurs rêvent de bâtir un programme de football à partir de rien, mais très peu ont l’occasion de le faire dans les rangs universitaires canadiens.
Le nouvel entraîneur-chef de l’Équipe nationale junior Steve Sumarah commence tout juste son mandat à la barre du programme canadien et il est un des rares entraîneurs qui a eu l’occasion de bâtir un programme de football universitaire à partir de rien.
En 2013, Sumarah a dirigé le retour des Ravens de l’Université Carleton après une absence de 13 ans dans le circuit de SIC.
Le mandat de Sumarah avec l’Équipe nationale démarre à une période palpitante dans l’histoire de Football Canada alors que ses programmes de haute performance ont récemment été reconnus par Sport Canada. Cette reconnaissance est une étape importante puisque cela ouvre des portes de financement public fédéral, particulièrement pour les équipes nationales, une première pour le football au Canada. Cette nouvelle est aussi accompagnée de directives dans la poursuite du développement d’un programme d’équipe nationale.
Le Canada a affronté les États-Unis lors des quatre premières finales du Championnat du monde MU-19 de l’IFAF, remportant l’or en 2012 et en 2016 en plus de deux autres médailles d’argent lors de l’édition inaugurale du tournoi en 2009 à Canton en Ohio, puis en 2014 au Koweït.
Le programme passe par une transition d’une équipe à tournoi unique vers un véritable programme alignant des athlètes sur plusieurs années. Le parcours se développe alors que plusieurs athlètes de l’équipe nationale passent de la Coupe Football Canada (championnat national MU-18) vers l’International Bowl puis au Championnat du monde MU-19 de l’IFAF. La majeure partie de l’infrastructure pour appuyer la croissance des joueurs au sein du programme est aussi en développement.
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L’entraîneur originaire de la Nouvelle-Écosse a précédemment dirigé les équipes de St. Mary’s et de St. FX, deux programmes universitaires possédant de riches traditions de football. Il a toujours voulu bâtir un programme à partir de zéro, mais il n’avait aucune idée de l’importance du défi à relever.
« Ce fut une aventure beaucoup plus exigeante que je l’aurais cru au départ », a déclaré Sumarah à propos de ses premières années à Carleton. « Quand je suis arrivé en poste, il n’y avait absolument rien en place à ma première journée. C’était plutôt révélateur pour moi. »
Sumarah a franchi plusieurs étapes comme la construction d’un nouveau vestiaire, la commande d’équipement de football, l’embauche du personnel d’entraîneurs et l’établissement de la marque de l’équipe. Son défi suivant était de réunir un groupe de 50 à 60 recrues.
Il a rapidement compris qu’il était devenu le visage du programme. « Je devais vendre le projet de Carleton et notre vision », rappelle-t-il. « Ce défi est semblable à l’équipe nationale alors que les gens commencent lentement à prendre conscience du calibre de jeu à l’échelle internationale. »
« Je tire plusieurs parallèles (avec l’équipe nationale). Que les gens comprennent la valeur de ce programme et ce qu’ils amèneront au programme et ce que le programme leur apportera aussi. Je crois que c’est parfois un élément qui se perd et c’est cet élément que je dois vendre. C’est une question de savoir ce que chacun peut offrir pour rendre ce programme meilleur, mais aussi comment ce programme rendra chacun meilleur. »
Même si l’équipe nationale est déjà établie, Sumarah peut utiliser son expérience de développement de programme pour faire progresser l’équipe canadienne.
« C’est à propos de trouver les bonnes personnes avec la bonne attitude et la bonne mentalité qui n’ont pas peur des défis qui viennent avec le fait de partir à zéro. »
Alors qu’il réunit son personnel d’entraîneurs et qu’il commence à identifier des joueurs, il gardera cet éthos en tête.
« Vous devez trouver des gars avec du caractère. Si je repense à Carleton, nous avions recruté 72 gars lors de notre première année et nous avions besoin de personne avec une mentalité différente pour se joindre à une équipe sachant qu’il faudrait trois ou quatre ans avant de devenir compétitifs. Parfois, cela n’est pas facile à faire. »
« Avec du caractère, vous avez besoin d’une certaine éthique de travail. Vous devez être prêts à vous relever les manches et à réaliser que ce ne sera pas facile. Les échéanciers ne sont pas les mêmes pour une équipe nationale qu’avec une équipe universitaire, mais le cœur de la situation est exactement le même. »
Sumarah tire aussi des parallèles dans le recrutement et l’identification de joueurs pour sa reconstruction à Carleton et sa nouvelle tâche avec l’équipe nationale.
« Je crois que d’une certaine manière, c’est très semblable à ce que nous avions à faire à Carleton quand je suis arrivé en poste. »
« Nous n’avions aucune installation alors nous vendions un programme avec une vision illustrée sur PowerPoint et quelques dessins. »
« Je peux vous dire par moment que les gens me regardaient et semblaient me demander si j’étais fou. À d’autres moments il y a des gars qui arrivaient à partager la vision et ces gars sont à Carleton aujourd’hui. »
Alors que Sumarah fait la transition pour diriger le programme junior du Canada, il tentera de donner forme au programme autour de sa philosophie d’entraîneur comme il l’a fait quand il a démarré son parcours à Carleton.
« Je dois garder tout le monde sur la même page pour que chacun adopte notre philosophie. Je suis convaincu que nous devons nous adapter et il y a toujours des choses à améliorer, mais de grands changements chaque année ne conduisent pas au succès. Cela donne plutôt une impression de panique à bord. »
« Il faut rester fidèle à ses convictions. Tout est à propos des personnes et de vous assurer qu’elles se retrouvent dans des situations où elles connaitront du succès. Que ce soit pour les entraîneurs ou pour les joueurs, chacun doit profiter d’une occasion de sortir et de jouer sachant que le coffre à outils est plein. Ils ont l’occasion de jouer, d’être compétitifs et de se sentir préparés et prêts à le faire. »
« Vous avez besoin de leaders solides au sein du programme, non seulement au sein du groupe d’entraîneurs, mais aussi de l’équipe. Vous devez compter sur des gars prêts à faire des sacrifices. Nous parlons ici de l’élite de l’élite. Vous pouvez être le meilleur joueur de votre équipe, mais possiblement pas le meilleur joueur de ce programme (d’équipe nationale). Toutefois, vous aurez un rôle et vous devrez comprendre ce rôle et connaître du succès dans ce rôle, peu importe quel est ce rôle, pour l’amélioration de l’équipe. Tant que vous continuez de placer l’équipe en priorité, vous aurez du succès. Dès qu’on cesse de le faire, on se retrouve en difficulté. »
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