Le Manitoba, un pionnier du football féminin avec contacts
Photo : WWC 2013
par Kevin Hirschfield
Il y avait peu d’occasions pour les jeunes filles désirant pratiquer le football avec contacts entre elles au Canada jusqu’à ce que deux Manitobaines aient une idée.
Tannis Wilson et Lisa Zueff-Cummings ont fondé l’Association de football féminin du Manitoba en 2011, une des premières ligues de football avec contacts réservée aux filles.
Disons que l’idée a été percutante.
Au départ un circuit à trois équipes, la MGFA est depuis passée à deux divisions (junior et senior) avec 12 équipes au total (quatre juniors et huit seniors).
Wilson et Zueff-Cummings s’alignaient avec le Fearless du Manitoba, une équipe féminine fondée en 2007 et elles ont contribué à la création de la Ligue féminine de football de l’Ouest canadien (WWCFL) en 2009. Dans leurs déplacements, elles ont remarqué l’intérêt des femmes pour leur discipline.
« S’il y a tant de femmes qui aiment le football, il doit certainement y avoir autant de filles qui veulent pratiquer ce sport », raconte Wilson, qui a fait partie du premier personnel d’entraîneur de l’Équipe nationale féminine du Canada en 2010.
« On ne peut certainement pas appuyer un programme senior sans avoir de fondation dessous et il doit y avoir des filles qui ont un intérêt pour le football. Pourquoi alors ne pas offrir une opportunité à ces jeunes filles? »
La ligue aligne de filles de 9 à 16 ans au cours d’une saison qui se déroule au printemps. Il y a six joueuses sur le terrain par équipe à la fois.
Depuis la fondation de la MGFA, plusieurs ligues sont apparues aux États-Unis, mais c’est le modèle manitobain duquel elles se sont inspirées. Une autre existe aussi dans les Maritimes.
Incapable de percer l’alignement de son équipe d’école secondaire il y a plusieurs années, la joueuse de football de Winnipeg Ashley Williams a été présentée à la MGFA et elle y a tout de suite trouvé sa place.
« Après la première semaine d’entraînement, j’étais confortable et je m’étais fait de nouvelles amies », raconte Williams qui joue sur la ligne offensive. « Toutes ces filles proviennent de différents milieux, mais partagent la même mentalité. Comme moi, elles ont toujours cru qu’elles ne pouvaient pas jouer, qu’elles n’étaient pas assez fortes ou assez grandes ou assez robustes avec toutes ces insécurités. J’ai appris à prendre toutes ces choses et à les éloigner de moi avant d’aller sur le terrain pour simplement entrer dans le jeu avec confiance et repartir du terrain avec la même confiance. »
Âgée de 19 ans, Williams joue maintenant avec l’équipe féminine senior du Fearless et aide comme entraîneur de l’équipe de filles des Nationals de Transcona.
« Ma partie favorite est de faire des choses avec elles qu’elles n’ont jamais pu expérimenter. C’est une expérience qui transforme leur vie et la mienne », dit-elle. « C’est incroyable de voir combine loin nous nous sommes rendus et j’ai hâte de voir jusqu’où on ira. »
Wilson affirme que les filles sont un groupe intéressant à diriger.
« Du point de vue du jeu, elles sont très tenaces », raconte Wilson. « J’ai dirigé des gars pendant des années au football et dans d’autres sports et j’en ris toujours, les filles sont difficiles à diriger, vous devez être un entraîneur intelligent. Elles vous posent continuellement des questions. Si elles ne comprennent pas ce que vous dites, elles continueront de demander jusqu’à ce que tu leur dises ce qu’elles veulent entendre. »
Une chose que les filles ne veulent pas entendre est qu’elles ne sont pas assez bonnes pour pratiquer le football avec contacts.
« Ces filles qui écopent des cartons rouges et jaunes au soccer, des punitions au hockey ou qui sont écartées par une accumulation de fautes au basketball. C’est le genre de filles que nous recherchons », raconte Wilson. « Elles ne se feront jamais dire qu’elles sont trop agressives, mais elles iront sur le terrain pour plaquer quelqu’un. »
« Tu peux être une excellente joueuse de football et féminine à la fois quand tu sors du terrain », ajoute-t-elle. « Elle parle de danse et de souliers roses sur les lignes de côté, c’est toujours une petite fille. Ces filles ont un esprit bagarreur et une puissance pour sauter sur le terrain et plaquer tout ce qui bouge alors nous ne voulons pas leur enlever cela. Je veux leur trouver une place au football pour leur donner une occasion d’être ce qu’elles sont. »
Comme le Championnat du monde féminin démarre, les filles du Manitoba pourraient un jour composer une large portion de l’Équipe canadienne grâce à cette ligne novatrice qui a démarré dans sa propre cour.
« Ces filles sont l’avenir de notre sport, elles ont déjà joué quatre ou cinq ans avant le football senior féminin », raconte Wilson. « Elles ont un avantage sur le reste du pays puisqu’elles ne sont pas relativement nouvelles dans le sport et comprennent mieux le jeu. »
L’édition inaugurale du Championnat du monde féminin 2010 a contribué à l’accélération de la croissance du football féminin à travers le monde. Alors que le Canada accueille la troisième édition du tournoi du 24 au 30 juin, cela pourrait inspirer les filles et les femmes d’entreprendre la pratique de ce sport pour lequel elles rêvent de représenter le Canada un jour sur la scène internationale.
À propos de l’auteur
Kevin est un journaliste, auteur et producteur basé au Manitoba. Suivez-le sur Twitter @kevin_hirsch.
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