Profil d’entraîneur d’Équipe Canada : Le grand rôle du football à six dans le parcours de Brian Guebert
Après avoir fait partie du personnel d’entraîneurs de l’Équipe nationale junior en 2012 et en 2014, le coordonnateur des unités spéciales et entraîneur de la ligne défensive Brian Guebert se prépare pour un troisième Championnat du monde MU-19 de l’IFAF en 2016.
Au cours d’une carrière qui l’a fait passer du football à six dans les rangs secondaires à la LCF, l’inspiration de Guebert à pratiquer le football lui vient de son oncle Phil Guebert qui a disputé deux finales de la Coupe Vanier avec les Huskies de la Saskatchewan en 1989 et 1990. Leurs carrières se sont croisées à LCBI où Phil a dirigé l’école de football secondaire de Brian pendant trois ans.
Même si Brian a pratiqué le touch-football et le football avec contacts à 12 alors au cours de sa jeunesse, c’est vers la fin de son parcours au secondaire que Guebert a découvert le football à six avec contacts.
« La pratique du football à six a été une expérience extraordinaire pour moi », indique Guebert. « J’ai appris le fonctionnement de chaque position au football puisque j’ai pu jouer comme secondeur, sur la ligne défensive, comme ailier rapproché, comme arrière et même comme quart arrière. Au football à six, on utilise toujours les compétences de base du football comme le bloc, le plaqué, le lancer, l’attrapé, la course, la couverture, mais tout se fait avec la responsabilité de couvrir plus de terrain. »
« Cela a vraiment contribué à développer mon QI de football et à apprécier la variété de techniques du jeu lui-même. J’ai fait toutes ces choses, puisque vous profitez d’un nombre de joueurs limité au sein de votre équipe, vous avez besoin que chacun prenne ses responsabilités. J’ai eu le privilège d’avoir mon oncle comme entraîneur qui a travaillé avec moi sur différentes techniques. »
Guebert crédite le football à six comme contributeur de développement, ce qui l’a conduit à jouer dans la LCF.
« C’est possiblement le football à six qui m’a permis de me tailler un poste dans la LCF. Plus tu peux en faire, plus tu as de la valeur au sein d’une équipe. »
« J’ai joué comme arrière, comme ailier rapproché, comme ailier défensif et comme bloqueur dans la LCF. Je connaissais le jeu à l’attaque et en défensive, je savais comment les joueurs communiquaient et quelles étaient les attentes pour ces positions. Cela m’a bien servi comme joueur et aujourd’hui comme entraîneur. »
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Alors qu’il évoluait au football à six avec contacts dans les rangs secondaires, Brian Guebert était plutôt inconnu dans les cercles du football en Saskatchewan. Cela a rapidement changé après un match du Senior Bowl de Football Saskatchewan, où il a été nommé meilleur joueur de ligne défensive.
Sorti du secondaire, Brian a joué dans les rangs juniors avec les Hilltops de Saskatoon sous les ordres du légendaire Tom Sargeant, qui était à la fois son entraîneur-chef et l’entraîneur de la ligne défensive.
Brian a fait la transition vers le football à 12 et il a connu du succès malgré sa taille relativement plus petite comme joueur de ligne défensive.
« C’est comme si le football à six m’a fourni l’ensemble de compétences nécessaires pour jouer au football. J’ai approfondi mon QI de football et j’y ai ajouté les particularités du football à 12. Comme joueur de ligne défensive, la transition a été plutôt facile. »
En route vers le terrain d’entraînement des Hilltops, Guebert passait devant le Collège Aden Bowman et il a décidé d’offrir ses services à cette formation du secondaire comme entraîneur bénévole, avec l’espoir un jour de devenir enseignant et entraîneur par extension. Il a passé près d’une décennie au sein du programme et son expérience d’entraîneur lui a rapporté sur le terrain.
« Le simple fait de m’insérer dans le monde des entraîneurs et d’avoir à penser à ces aspects d’un point de vue plus large a été très bénéfique pour ma carrière de joueur. »
« J’ai aimé l’aspect intellectuel du football. Une de mes forces comme joueur de football était de reconnaître que je n’étais pas très athlétique et je n’avais pas un gros gabarit », indique Guebert qui faisait osciller la balance à 245 livres du haut de ses 5-pieds-9. « J’accordais beaucoup de valeur à l’intelligence du jeu et encore aujourd’hui comme entraîneur. »
Lors de son passage chez les Hilltops, Guebert a remporté trois titres nationaux de suite de la LCFJ (2001-2003). Lors des deux dernières années, il a été élu joueur de ligne défensive par excellence de l’Association PFC.
Après le football junior, Guebert a rejoint les Huskies de l’Université de la Saskatchewan où il a poursuivi sur son excellente lancée. Il a mieux fait que son oncle Phil en participant à trois finales de la Coupe Vanier (2004-2006) en plus d’être retenu deux fois au sein de l’équipe d’étoiles de l’Association Canada West (2004 et 2006) et de l’équipe d’étoiles nationale universitaire canadienne en 2006.
Brian a bouclé la boucle au chapitre de ses expériences alors qu’il regardait un match de football mineur à l’époque où il était étudiant à la maîtrise.
« J’étais sur le terrain de football me demandant pourquoi nous demandions à des gars de 10, 11 et 12 ans de jouer sur un terrain de 65 verges de largeur », raconte Guebert. « Pourquoi aussi est-ce que nous leur demandions de se spécialiser à leur position avant qu’ils atteignent la puberté et qu’ils finissent de grandir pour atteindre leur corps d’adulte? J’ai commencé à me poser toutes ces questions quand j’ai proposé ma maîtrise à l’Université de la Saskatchewan et j’ai réuni tout cela en suggérant qu’il doit y avoir une meilleure façon d’améliorer le développement au football. »
C’est l’expérience de Brian comme joueur de football à six et la constatation des retombées de cette pratique dans sa carrière postsecondaire qui l’ont conduit à investiguer sur les avantages du football à six pour le développement. Sa recherche, en plus d’un poste au sein de Football Saskatchewan ont alimenté le système de développement du football dans cette province, mais aussi à la grandeur du pays. Il est depuis devenu le commissaire de l’Association de football mineur de Saskatoon et il a notamment participé à la fondation d’une ligue de football à six florissante.
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Après sa carrière de joueur dans la LCF, Brian Guebert a représenté le Canada à l’âge de 29 ans sur les terrains du Championnat du monde senior de l’IFAF 2011 en Autriche alors qu’il travaillait toujours pour Football Saskatchewan. Cette expérience lui a ouvert les yeux sur le monde du football international.
« Les mondiaux de 2011 ont été une énorme révélation. J’ai cru que nous allions nous rendre là-bas et faire la pluie et le beau temps contre la plupart des équipes », rappelle Guebert. « J’ignorais tout du développement du football à travers le monde. »
Le Canada a démarré le tournoi contre la France et Brian a rapidement dû changer d’avis.
« Quand nous avons joué contre la France à ce premier match en 2011, ils étaient bons et très robustes. Nous n’avons pas gagné par nos capacités physiques, mais grâce à notre temps de réaction et à notre capacité mentale à lire, reconnaître et comprendre l’action sur le terrain. »
« Tout cela venait de la répétition et de toute l’expérience accumulée, ce que ce soit dans la LCF, dans SIC, au football junior, dans la NCAA ou peu importe où nous étions passés comme joueurs. On pouvait dire qu’on était supérieur à ce niveau, mais au chapitre du calibre de jeu, tous nos matchs ont été de véritables batailles physiques. »
Le chemin de l’équipe vers une éventuelle médaille d’argent est aussi passé par un match contre les hôtes autrichiens et par une remontée victorieuse en demi-finale pour vaincre le Japon 31-27 avant de s’incliner en finale contre les États-Unis.
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Alors que Guebert a poursuivi son parcours d’entraîneur, trois expériences ont conduit Brian vers un poste à temps plein comme entraîneur.
« J’ai travaillé à Football Saskatchewan de 2001 à 2013 dans divers rôles. Tout cela a nourri ma passion comme entraîneur. J’ai été très impliqué dans les programmes de formation du PNCE. »
« J’ai vraiment tenté de suivre autant de cours d’entraîneur que possible, assistant aux cliniques de de Football Saskatchewan et de l’AFCA aux États-Unis. Cette activité constante dans le football m’a vraiment ouvert des portes de SIC. »
Si son expérience avec Équipe Canada en 2011 lui a servi d’introduction au football international, elle a aussi eu une incidence sur la carrière d’entraîneur de Guebert alors que le personnel du temps comprenait quelques-uns des grands noms de SIC, notamment Greg Marshall, Steve Sumarah, Blake Nill, Brian Towriss, Larry Haylor, Pat Tracey et Jeff Cummins.
« Pouvoir travailler avec ces entraîneurs légendaires m’a préparé pour la transition comme entraîneur au football de SIC, parce que j’ai eu l’occasion d’apprendre auprès de certains des meilleurs entraîneurs au pays. »
Après son expérience révélatrice de la scène mondiale, Guebert a tourné ses regards vers la prochaine génération de talents canadiens, au sein du personnel d’entraîneurs de l’Équipe nationale junior.
« Au fait, quand j’étais entraîneur de l’Équipe nationale junior en 2012, j’étais encore entraîneur dans les rangs secondaires, mais travailler avec des gars comme Noel Thorpe, Warren Craney et Pat Boies, ont vraiment contribué à me retrouver à diriger dans SIC. »
Tout s’est soldé pour Brian après la médaille d’or remportée contre les États-Unis au Championnat du monde MU-19 en 2012 à Austin au Texas. Guebert a ensuite accepté un poste à temps complet avec l’équipe de son alma mater comme coordonnateur des unités spéciales et entraîneur de la ligne défensive avant la saison 2013.
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En quelques années seulement, Brian était donc passé de joueur dans la LCF et entraîneur dans les rangs secondaires à entraîneur à temps plein à l’Université de la Saskatchewan. Il a puisé dans ses nombreuses expériences pour ériger sa philosophie d’entraîneur.
Une de ses premières influences d’envergure après son oncle Phil a été Tom Sargeant des Hilltops qui a aidé Brian à mieux comprendre comment motiver les joueurs.
« Il inspire ses joueurs et il croit l’effort et à la passion », estime Brian à propos de Sargeant. « C’est quelque chose que j’ai vraiment apprécié de lui. »
Comme joueur et maintenant entraîneur en Saskatchewan, Guebert a aussi eu l’occasion d’apprendre de l’entraîneur qui a amassé le plus grand nombre de victoires dans l’histoire de SIC, Brian Towriss.
« Il est tellement organisé et il comprend les X et les O », raconte Guebert à propos du légendaire entraîneur de la Saskatchewan. « Sa vision du jeu est incroyable et je ne suis toujours pas à ce niveau. Il traite les gens avec justice, il possède une passion pour la victoire et, plus important encore, pour le développement de jeunes hommes, pour en faire des hommes et des citoyens. »
Durant ses deux années dans la LCF avec les Blue Bombers de Winnipeg, Guebert a eu l’occasion de jouer pour l’entraîneur-chef de l’époque Doug Barrie.
« L’entraîneur Barrie m’a vraiment fait comprendre le sentiment d’urgence jusque dans les entraînements. Il mettait l’accent sur la réalisation du travail dans les plus brefs délais tout en ayant du succès dans l’exécution », dit-il.
Au cours de son premier tour avec l’Équipe nationale junior en 2012, Brian a pu faire ses classes avec l’actuel coordonnateur de la défensive des Alouettes de Montréal Noel Thorpe, qui était entraîneur-chef d’Équipe Canada et coordonnateur des Carabins de l’Université de Montréal à ce moment.
« L’entraîneur Thorpe a été un véritable motivateur. Il était passionné dans ses convictions. Il exécutait son travail et avait la main à la pâte dans tous les aspects du jeu. »
Un dernier élément d’influence important a été le passage de Brian avec l’Équipe nationale senior. Parmi les entraîneurs distingués, l’entraîneur-chef national et légendaire dirigeant de l’équipe de Western Ontario Larry Haylor s’est démarqué à ses yeux.
« Un autre grand motivateur. Il voyait le jeu dans son ensemble et il comprenait les joueurs », affirme Guebert.
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Comme vétéran du football international comme joueur et maintenant comme entraîneur, Guebert a vu le calibre de jeu continuer de s’améliorer chaque championnat du monde.
« Les Européens, mais aussi le Japon et Samoa ont de très bonnes équipes! J’essaie de rappeler à nos gars de ne pas répéter l’erreur que j’ai commise en 2011 au Championnat du monde senior, pensant que nous allions écraser ces équipes parce qu’elles ne jouaient pas aussi souvent que nous. »
« Beaucoup des gars que nous affrontons maintenant au Championnat du monde junior jouent beaucoup au football, ils s’améliorent et ils méritent le plus grand respect. »
« Je manque de mots pour exprimer mon enthousiasme face au développement du football dans toutes les nations impliquées dans ce tournoi. C’est palpitant pour l’avenir que ces types de tournois puissent avoir lieu sur des scènes de plus en plus importantes alors que le sport prend de l’expansion à travers le monde. »
En route vers son troisième Championnat du monde MU-19, Guebert a aussi remarqué une hausse du calibre de jeu au pays et l’incidence de cette amélioration sur la composition de l’équipe nationale.
« Chaque année, il semble que nos décisions sont de plus en plus difficiles à prendre parce que le niveau de talent est de plus en plus élevé. »
Un des aspects que Brian apprécie le plus à propos de son temps avec l’équipe nationale est de constater la croissance des joueurs du programme de l’équipe nationale, alors que ces athlètes passent de la Coupe Football Canada aux rangs MU-18, MU-19 et de l’Équipe nationale junior.
« Observer la croissance d’un athlète de 17 ans vers ses 18 ans et 19 ans, que nous avons identifié au cours de ces trois années, nous permet de constater l’ampleur de l’évolution et c’est chaque fois une grande partie du plaisir qu’on ressent à travailler au sein du programme. Même au cours du camp d’entraînement d’une semaine au Texas, on voit tellement de changements, on voit ces gars grandir et former un collectif. Cela alimente certainement ma passion pour mon travail d’entraîneur. »
Après l’International Bowl, Guebert et le reste du personnel d’entraîneurs auront d’autres choix difficiles à faire à partir des équipes nationales MU-18 et MU-19 pour désigner les 45 athlètes qui représenteront le Canada au Championnat du monde MU-19 de l’IFAF 2016.
« Il sera palpitant de commencer à interagir avec les athlètes qui seront retenus pour le Championnat du monde cet été. Nous allons créer cette atmosphère de famille et démarrer le processus en espérant remporter une autre médaille d’or en 2016. »
Un processus qui se mettra en branle lors de la Série de l’International Bowl 2016, du 31 janvier au 5 février au Stade AT&T, domicile des Cowboys de Dallas, à Arlington au Texas.
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